mercredi 27 février 2013

Le documentaire qui a fait saliver la Chine: "A Bite of China"


La diffusion de la série documentaire "La Chine au bout de la langue" (舌尖上的中国, ou "A Bite of China" en anglais) en 2012 sur CCTV-1 a fait date dans l'histoire de la télévision chinoise. Les sept épisodes de la série, diffusés en deuxième partie de soirée entre le 14 et le 22 mai 2012, ont été regardés par plus de cent millions de téléspectateurs selon l'agence Xinhua. Depuis les années 80 et le monopole de CCTV sur les ondes, c'est la première fois qu'un documentaire connait un tel succès.


Le très recherché champignon Matsutake (松茸)

Ce n'est pourtant pas le seul documentaire gastronomique à la télévision chinoise, loin de là. Que ce soit sur CCTV ou sur les innombrables chaines régionales, la télévision chinoise propose des programmes de gastronomie à toutes heures et à toutes les sauces. Mais contrairement aux autres productions du genre, "La Chine au bout de la langue" est un programme ambitieux, et qui s'est donné le moyen de ses ambitions.

Une équipe élargie (trois journalistes, huit réalisateurs, trois éditeurs et de nombreux techniciens), dix mois de tournage au quatre coins de la Chine avec des caméras HD, c'est ce qu'il a fallu pour produire les sept épisodes. La série ne se contente pas de présenter les spécialité culinaires, mais prétend montrer la culture culinaire chinoise. Et la nourriture en Chine, c'est toute une philosophie. Lieux communs à part, il est indéniable que ce vaste pays possède de nombreuses traditions culinaires locales et une grande variété d'ingrédients, et "La Chine au bout de la langue" parvient à mettre cela en valeur.

Naviguant d'une province à l'autre, l'émission s'organise par thème. A chaque fois, la nourriture est associée à ceux et celles qui la fabriquent, la préparent, la cuisinent, la vendent, la mangent. Les personnages, vrais gens du peuples (老百姓), sont tout aussi passionnants que la cuisine elle-même. Aux gros plans sur les visages suivent les gros plans sur la nourriture, et les bruits et les couleurs ne manquent pas de faire saliver.


L'épisode 1, "Présents de la nature", dévoile certains des ingrédients qui font la fierté du pays, et les personnes qui les cultivent et les récoltent: La cueillette des précieux champignons Matsutake (松茸) dans le Yunnan, le ramassage de pousses de lotus (藕) dans la vase d'un lac du Hubei, ...
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L'épisode 2, "L'histoire des aliments de base", présente certaines des préparations de base de la cuisine chinoise et ceux qui la font: Nouilles au boeuf des musulmans de Lanzhou (牛肉拉面), la préparation de Zongzi dans le Zhejiang, ou celle de Momo (黄馍馍), pain mantou (馒头) à base de farine de riz, dans la province nordique du Shaanxi ...
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L'épisode 3, "La transformation inspire", s'intéresse aux aliments transformés ou fermentés: Toutes sortes de toufu bien sur, comme le Mao Doufu (毛豆腐) Toufu poilu d'Anhui. L'alcool aussi, avec la confection millénaire du vin jaune (黄酒) dans le sud du pays ...
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L'épisode 4, "Les saveurs du temps", nous présente certains aliments préservés fameux: Les dernières saucisses artisanales à Hong-Kong; les légumes fermentés (泡菜), ou kimchi, de madame Jin dans le Heilongjiang, non loin de la Corée; le poisson fermenté (腌鱼) de la minorité Miao (苗族) dans la province centrale du Henan ...
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L'épisode 5, "Secrets de cuisine", s'intéresse aux outils qui servent à la cuisine, et aux ingrédients fondamentaux. L'huile dans lequel tout ce cuit, les marmites et les pots dans lesquels les plats sont bouillis ou cuit à la vapeur; Le maniement expert du couteau de cuisine dans un grand restaurant cantonais de Pékin; les énormes cuiseuses à vapeur au festival du double neuf (重阳节) à Guangdong ...
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L'épisode 6, "Les cinq saveurs en harmonie": Aigre (酸), sucré (甜), amer (苦), piquant (辣), salé (咸), telles sont les cinq saveurs de base de la cuisine chinoise. Le piment (辣椒) du Sichuan, le sel, l'amertume, la cuisine aigre-douce prisée des étrangers ...
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L'épisode 7, "Notre Champ", conclue la série. Nous sortons des cuisines et des rues pour voir la richesse naturelle du pays. "靠山吃山、靠海吃海" dit le dicton: "Se nourrir de la montagne près de la montagne, se nourrir de la mer près de la mer". L'épisode nous emmène manger du riz gluant (糯米) avec les minorité du Guizhou, et découvrir les convoités concombres de mer (海参) et autres invertébrés qui habitent les eaux de la mer jaune ...
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D'une province à l'autre, d'un plat à l'autre, la série donne un aperçu de la richesse naturelle et gastronomique chinoise. Si les commentaires ont un ton patriotique parfois agaçant, on se dit que ça n'est pas pire que le journal de J-P Pernaut chez nous. A la manière d'un reportage ethnographique, l'émission nous montre avec un soucis d'authenticité des "vrais gens", qui vivent parfois difficilement, mais toujours fièrement de leur travail.

En Chine, malgré une mobilité de plus en plus grande, l'attachement aux racines familiales locales est encore fort. La Chine est vaste, et chacun sait d'où il vient, même lorsque la vie moderne oblige à s'installer dans une grande ville. En montrant des images de cultures locales, "La Chine au bout de la langue" réveille cette sentimentalité. C'est sans aucun doute l'une des explications du succès de la série.



Un bon bol de nouilles Qinshan (岐山臊子面), spécialité de
la province du Shaanxi, au nord de la Chine.

A l'âge d'internet, la série doit aussi son succès aux réseaux sociaux. Pendant et après sa diffusion, la série a été un sujet de discussion très populaire sur Weibo, chacun y allant de son souvenir d'enfance. L'émission pouvant être vue librement non seulement sur le site de la CCTV, mais aussi sur les nombreux sites de vidéo en ligne, les internautes ont pu voir et revoir les épisodes, entretenant ainsi la popularité de la série tout au long de l'été 2012.

Comme c'est souvent le cas en Chine lorsqu'un sujet concentre l'attention sur internet, la polémique apparait. Certains font le lien entre la série, où tout est beau et naturel, et la réalité, où les scandales s'enchainent dans l'industrie agroalimentaire. L'on reproche à CCTV de vouloir mettre un couvercle sur les problèmes sérieux qui se sont multipliés: le scandale de l'huile de caniveau recyclé, celui du lait à la mélanine, la fausse viande de boeuf...

Quoiqu'il en soit, ces polémiques n'enlèvent rien au succès populaire de la série, ni à la qualité de sa réalisation. CCTV a même souhaité exporter la série à l'étranger, sans y parvenir jusqu'à présent. Par contre, la chaine spécialisée dans le documentaire CCTV-9, créée en 2011, qui a rediffusé "La Chine au bout de la langue" une semaine après la première diffusion sur CCTV-1, a vu sa notoriété grandir grâce à la série. Et l'encre (et les pixels) que "La Chine au bout de la langue" a fait couler va permettre la production d'autres émissions documentaires ambitieuses. Une suite à "La Chine au bout de la langue" est par ailleurs prévue, pour répondre aux appels des spectateurs déçus que la première saison ne se soit pas arrêtée dans leurs provinces.

Pour en savoir plus, voici quelques liens récoltés sur le web:
@ L'un des contributeurs du blog Rectified.name (正名) a publié un témoignage intéressant sur la série.
@ China Realtime Report, le blog du Wall Street Journal, rapporte le succès d'audience de la série.
@ Le site officiel de China News Service (CNS), agence officielle chinoise, relève la hausse des ventes d'ustensiles de cuisine après la diffusion de la série.
@ China Files, le blog de la fondation Asia Society, a publié un article reprenant les réactions des internautes chinois sur Weibo, en particulier les réactions plus polémiques.
@ Un entretien en vidéo avec Chen Xiaoqing, le réalisateur de la série, sur le site de CCTV.
@ L'édition française du People's Daily (人民日报), journal officiel historique, parle de la saison 2.
@ New Tang Dynasty, la télévision dissidente chinoise, revient sur les polémiques autour de la série et les scandales de l'industrie agroalimentaire chinoise.

jeudi 21 février 2013

Des milliards pour le développement urbain à Wuhan


Le 28 décembre 2012, la ligne 2 du métro de Wuhan est entrée en service. Les huit ans qui se sont écoulés depuis l'ouverture en 2004 de la ligne de métro aérien symbolisent bien le retard qu'avait pris la ville en matière de développement urbain. Mais Wuhan et ses 10 millions d'habitants se réveillent finalement, et ça fait du bruit.

Un peu d'histoire:

Mao prend la pose devant le pont du Yangtze
à Wuhan en 1966

Capitale de la province du Hubei, Wuhan s'étend sur les deux rives du Yangtze, en aval du fameux barrage des trois gorges. Au 19ème siècle, elle a abrité l'une des quatre concessions françaises en Chine (avec Shanghai, Canton et Tianjin). Le 10 octobre 1911, c'est à Wuhan qu'à retenti le premier coup de fusil de la révolution de Xinhai qui a mis fin à 2000 ans de règne impérial. C'est à Wuhan qu'à été construit le premier pont sur le Yangtze, en 1957 avec l'aide des soviétiques. C'est aussi à Wuhan en juillet 1966 que Mao Zedong a nagé dans le Yangtze, marquant ainsi le début de sa Grande Révolution Culturelle. C'est dire si l'histoire contemporaine de la ville est riche.

Pourtant, depuis l'ouverture de la Chine, le développement à Wuhan n'a pas été aussi effréné qu'ailleurs en Chine. La faute à la position géographique d'abord: tout au long des années 80 et 90, le pouvoir pousse surtout le développement des villes côtières du sud et de l'est, et se préoccupe moins des villes à l'intérieure des terres, comme Wuhan. En comparaison, Nanjing et Chongqing, les deux autres grandes villes de la vallée du Yangtze s'en sortent peut-être mieux. Chongqing, à l'ouest, devient municipalité indépendante dès la fin des années 90, et se développe vite. Nanjing, à l'est, a pris du retard sur les villes côtières de Suzhou et de Hangzhou, mais s'appuie sur un passé industriel solide.

Les français connaissent bien Wuhan, et la ville est devenue un pôle du développement industriel français en Chine. Dans le sillage de Peugeot-Citroën, qui y installé ses usines dans les années 90, de nombreuses entreprises française y ont posé leurs bagages. Le consulat, le lycée français, l'Alliance française et les nombreux échanges universitaires franco-chinois indiquent bien l'importance de Wuhan dans les rapports franco-chinois. Cette relation entre la France et Wuhan remonte à loin, et ce n'est pas le charme de la ville ("une forêt de tours d'habitation sans grâce, entrecoupée de vastes friches urbaines boueuses") qui a attiré les français, comme l'explique cet article du journal Les Echos.

Des lendemains qui chantent:

Mieux vaut tard que jamais, Wuhan est donc en train de se transformer. Les bulldozers sont de sortie, et depuis la fin des années 2000, la ville est en chantier. Le gouvernement chinois a déplacé sont attention des côtes vers le centre des terres, et veut développer ses infrastructures. Poussée par cette volonté politique affichée, et bien sûr par la croissance économique et la croissance du marché intérieur, Wuhan se voit en grand.

La position centrale de Wuhan, qui lui a été préjudiciable pendant les années 80 et 90, est maintenant un atout. Wuhan est ainsi la ville où se croisent la ligne est-ouest (Shangha-Chengdu, 2078km) et la ligne nord-sud (Pékin-Canton, 2324km), deux grands axes du Train à Grande Vitesse mis en service en 2012. Wuhan est au diapason du reste de la Chine et modernise ses infrastructures de transport. Des voies rapides, des ponts, des lignes de métro et de train sont en construction à travers toute l'agglomération, y compris jusque dans les villes voisines pour former le Grand Wuhan.



Plan prévisionnel du métro de Wuhan à l'horizon 2017, réalisé par Howchow et Muzi sur le forum 地铁族 (www.ditiezu.com). Il ne s'agit pas d'un plan officiel ni définitif, mais l'on se rend compte de l'ampleur.
(cliquez sur l'image pour la voir en haute résolution)

Le gouvernement de la ville de Wuhan dirige les projets par le biais de la "Commission d'urbanisation de la municipalité de Wuhan" (全市建设暨绿化工作会议) qui se réunit chaque année pour fixer les grandes et petites lignes, les priorités et surtout les financements. En 2012, la commission a ainsi débloqué 64,7 milliards de yuan (un peu moins de 8 milliards d'euro, excusez du peu) pour financer une centaine de chantier sur l'année. La commission s'est à nouveau réunie le 20 février pour fixer les financements pour l'année 2013, dont le portail d'actualité du Hubei cnhubei.com (荆楚网) a publié un compte-rendu. Selon l'article, la commission a promis cette une enveloppe encore plus grosse qu'en 2012, avec 71,3 milliards de yuan (8,6 milliards d'euro). Voyons comment cette somme doit être utilisée.

Les travaux du métro prennent une belle part du gâteau: En plus de continuer les travaux déjà entamés sur les lignes 3 et 4, les chantiers de cinq nouvelles lignes vont aussi être lancés (les lignes 6, 7, 8, 29, 24 et la ligne express vers l'aéroport). L'ouverture de la ligne 2 en décembre 2012 marque l'entrée de Wuhan dans l'ère du métro! 2013 devrait voir la mise en service du premier tronçon de la ligne 4, ainsi que des nouveaux tronçons des lignes 1 & 2. Le réseau actif s'étendra alors sur 72 kilomètre, un petit avant-goût de ce que l'avenir nous réserve (voir plan si dessus).

Avec un fleuve Yangtze large d'environ deux kilomètres à son cœur, Wuhan est inévitablement une ville de ponts. Le dernier en date, le septième, est le pont Erqi (二七长江大桥) construit en 2011, un pont suspendu de six kilomètres de long à faire pâlir le pont de Normandie. Alors qu'en 2012, la construction d'un huitième pont a déjà commencé (le pont Yingwuzhou 鹦鹉洲长江大桥), la commission annonce pour 2013 la construction d'un neuvième, pour pas loin d'un milliard d'euros (8 milliards de yuan). Il s'agit du pont Yangsigang (杨泗港长江大桥), qui fera lui aussi six kilomètres de long, et abritera un total de douze voies de circulation sur deux niveaux. Les travaux doivent terminer en 2015, et il s'agira du second pont suspendu le plus long du monde en un seul tronçon!

Bien sûr, Wuhan va continuer de développer ses infrastructures routières, avec toujours plus de voies rapides aériennes tout autour de la ville, augmentation du trafic routier oblige. Les voies rapides se sont multipliées rapidement au cours des dernières années dans le centre et la périphérie de la ville pour accueillir les voitures toujours plus nombreuses. Si cela doit faciliter le trafic à terme, les chantiers en cours (ainsi que les chantiers du métro) rendent pour l'instant la circulation impossible et sont le cauchemar des automobilistes.

Des chantiers plus "verts" sont aussi au programme. La municipalité prévoit ainsi de planter 750000 arbres et d'aménager au total 7,5km² d'espaces verts. Cette surface, qui représente environ l'équivalent du treizième arrondissement de Paris, peut paraitre impensable, mais il faut se souvenir que la municipalité de Wuhan s'étend sur 8500km², soit 80 fois plus que la ville de Paris. L'aménagement de nombreux parcs est prévue, ainsi que la réhabilitation des zones vertes existantes. Wuhan doit recevoir en 2015 l'Exposition Internationale des Jardins, et veut faire les choses en grands. Un autre grand chantier vert discuté lors de la commission est celui de l'aménagement des nombreux lacs de la ville, dont le niveau de pollution est alarmant. Le plan d'action prévoit de relier les principaux lacs entre eux et avec le Yangtze, et d'aménager les berges. Toujours dans le domaine de la gestion de l'eau, la commission à lancé la construction sur cinq ans de 90 kilomètres de canalisations supplémentaires pour les eaux usées.

En 2008, Wuhan venait de prendre le train en marche et avait déjà la réputation d'être la ville aux 5000 chantiers. En 2013, c'est la barre des 10000 chantiers qui devrait être dépassée. Que cela nous plaise ou non, il est difficile d'être insensible à la folie des grandeurs de Wuhan.

samedi 9 février 2013

Box-office 2012 en Chine: les affaires vont bien


Le mois dernier, la SARFT (State Administration of Radio, Film, and Television 国家广播电影电视总局) a publié comme chaque année les résultats officiels du box-office pour 2012 en Chine. C'est l'occasion de faire l'analyse des évolutions du marché chinois qui depuis plusieurs années déjà connait un essor important et régulier.

Les 10 meilleurs résultats box-office en 2012:
Lost in Thailand (人再囧途之泰囧)
Titanic 3D
Painted Skin:The Resurrection (画皮2)
Mission: Impossible - Ghost Protocol
Life of Pi
The Avengers
CZ12 (十二生肖)
Men in Black III
Ice Age: Continental Drift
RMB 1 milliard (encore en salle)
RMB 947.58 millions
RMB 704.51 millions
RMB 674.71 millions
RMB 571.05 millions
RMB 567.92 millions
RMB 535.33 millions (encore en salle)
RMB 504.15 millions
RMB 449.13 millions


Comme en 2012, les blockbusters chinois font bonne figure en haut du classement, mais Hollywood reste en position de force malgré tout avec 50% des recettes totales. Le top 10 réunie ainsi quatre film chinois (si l'on inclue les coproductions) et six films américains. On y voit Titanic 3D, qui occupe la second place. En 1998, Titanic avait fait un résultat box-office sans précédent avec une recette d'environ 350 millions, record inégalé pendant plus de dix ans, mais qui semble faire pâle figure par rapport aux chiffres de 2012.

Le site internet en anglais de l'agence de presse nationale Xinhua (Agence Chine Nouvelle 新华社) a publié dès le 3 janvier un article titré China's box office sets new record in 2012. La messe est dites! Le box-office a engrangé 16,8 milliards de yuan (environ 2 milliards d'euros) pour un total de 303 films. Xinhua rappelle qu'en 2008, les recettes s'étaient élevées à 4,8 milliards de yuan. Le box-office a donc plus que triplé en cinq ans!

Le blog Chinafilmbiz a publié le 13 janvier un article intitulé China’s Box Office 2012 Re-Cap: Another Stellar Year, qui offre une analyse des chiffres très instructive.

Screening China publie aussi un article à l'occasion de la publication des chiffres, et note en particulier les excellents résultats de deux films chinois en cette fin 2012 qui confirme l'importance du mois de décembre dans le marché chinois: La comédie Lost in Thailand et le dernier film de Jackie Chan CZ12.

Le site d'actualité Film Business Asia met en avant dans cet article que la recette des films chinois est repassée sous la barre des 50% dans le box-office total.


Nous avons donc une nouvelle année de forte progression des recettes. Les films américains continuent à faire le plus gros des recettes malgré les quotas et les efforts de la SARFT pour favoriser les films locaux. Mais les grosses productions du cinéma chinois et les coproductions avec Hong-Kong font aussi de bons résultats, ce qui n'était pas toujours le cas il y a encore quelques années. Les films comme Painted Skin 2 (画皮2) ou surtout Lost in Thailand (人再囧途之泰囧) apportent une preuve (si cela était nécessaire) que la 3D et les stars ne sont pas la seule recette du succès.

Avec les entrées de janvier et février 2013, Lost in Thailand a dépassé les 1,2 milliards de yuan de recette et s'installe juste derrière Avatar (1,38 milliards) dans les records box-office. Le film de Jackie Chan CZ12 a lui aussi eu d'excellent résultats pour dépasser les 800 millions de yuan au total. Si l'on ajoute à la liste le film Painted Skin 2, trois productions chinoises de 2012 sont devenues les trois plus gros succès chinois de l'histoire. C'était jusque là Let the bullet fly (然子弹飞), le film de Jiang Wen sorti en décembre 2010, qui détenait ce titre.

L'année 2012 est donc une année exceptionnelle, oui. Neuf des dix plus gros succès de l'année ont dépassé la barre des 500 millions de yuan de recette, alors que ce n'était arrivé qu'à six film au total jusqu'à aujourd'hui! Mais si le marché continue à se développer ainsi dans les années à venir, ces records risquent d'être vite balayés...

> Chinafilmbiz 中国电影业务 [http://chinafilmbiz.com]
Chinafilmbiz est un blog tenu par Robert Cain, qui se présente comme un producteur et consultant pour l'industrie du film à Hollywood et en Chine. Il y poste deux à trois fois par semaine depuis la création du blog en 2011, et offre des analyses longues et bien informées sur l'industrie du film en Chine, essentiellement côté business, box-office et gros sous.


> Screening China [http://screeningchina.blogspot.com/]
Le blog Screening China s’intéresse avant tout au cinéma indépendant chinois, mais couvre aussi d'autres domaines. Les mises à jour ne sont pas très nombreuses ni régulières, mais souvent intéressantes avec par exemple des entretiens et des comptes rendus de festivals. Son auteur, Dan Edwards, est un journaliste et chercheur Australien qui a vécu plusieurs années à Pékin (voir son site personnel)


mardi 22 janvier 2013

Shanghai vu d'en bas: "Street Life" de Zhao Dayong


"Street Life", aussi sorti sous le nom "Living on Nanjing Road", est un film documentaire indépendant chinois sorti en 2006, premier long métrage du réalisateur Zhao Dayong.


Le titre original de "Street Life", 南京路 (pinyin: nanjing lu), est le nom de la plus célèbre avenue de Shanghai. La rue de Nankin, de son nom français, traverse le centre de Shanghai sur cinq kilomètres, du temple Jing'an à l'ouest jusqu'au Bund à l'est. Comparer la rue de Nankin aux Champs-Élysées serait presque réducteur pour la décrire. Grands hôtels, bâtiments coloniaux, centres commerciaux, grandes marques de haute-couture, de montres et de bijoux, concessionnaires Mercedes, Ferrari, Maserati, Porsche et j'en passe.


Belle ironie, c'est dans ce décor que le réalisateur Zhao Dayong nous emmène pour suivre la vie d'une poignée d'hommes, de femmes et d'enfants qui vivent en récupérant des déchets recyclables qu'ils revendront au poids. Ils se regroupent, avec leurs bouteilles plastiques, dans une contre-allée de la rue Nankin, à deux pas d'où se trouve aujourd'hui le plus grand Apple Store au monde, ouvert en 2011.

Comme pour la plupart des documentaires chinois contemporains, dits "indépendants", il n'y a aucun commentaire, aucune voix off. Zhao Dayong, caméra digitale à la main, laisse les images et les personnages parler d'eux même. Une relation de confiance, et une intimité forte semblent exister entre le réalisateur et ses sujets, qui s'expriment avec une grande liberté. Le spectateur se retrouve plongé dans la vie de ces individus, qui partagent leurs histoires.

Au fil du film, nous rencontrons de nouveaux personnages aux surnoms colorés, qui nous sont présentés par une brève biographie en sous-titres. Tous se connaissent, se fréquentent, travaillent et vivent ensemble. Ils sont venus de loin, du nord, de l'ouest, pour refaire leur vie à Shanghai, comme des millions d'autres.


Il y a Black Skin, Big Fatty et ses chansons, Fatty Lee le racheteur, Ah Qiao et sa jambe folle, mais aussi Anhui, little Anhui, Shandong, Hubei etc... Leurs vrais noms importent peu dans la rue, où ils n'existent plus que par leurs surnoms, qui eux-même sont souvent simplement le nom de leur ville ou province d'origine. Chacun a son histoire, sa façon de travailler, plus ou moins légalement. Ils récupèrent des bouteilles plastiques dans les poubelles, ou les rachètent aux habitants du quartiers. Ils récupèrent aussi les cartons, ou les objets métalliques. Certains préfèrent la voie plus directe mais plus dangereuse du vol, les plus faibles et les plus vieux font la manche, ou chantent pour les touristes.

Le fil rouge du film, c'est Black Skin (黑皮). Il apparaît au tout début du film et c'est sur lui que le film se conclut. A la tête d'un petit groupe de ramasseur, c'est un personnage respecté de la rue, travailleur, honnête et généreux. Mais quand son associé Ah Qiao se fait la belle avec la cagnotte du groupe, le destin de Black Skin prend un mauvais tournant. De bagarres en arrestations, il finit par perdre la tête.

Dans une interview (disponible en chinois à cette adresse), Zhao Dayong nous explique qu'il a passé plusieurs mois à échanger avec les personnages du film avant de débuter le tournage. Il nous explique aussi que quelques temps après le tournage, les ramasseurs avaient dû déménager de leur petite ruelle, poussés dehors par le développement urbain et la rénovation du quartier. Difficile de savoir ce qui est advenu de Black Skin, de Big Fatty ou de Xiao Anhui depuis 2006.


Autres informations & comment se procurer le film:

Le film Street Life a été projeté à partir de 2006 dans de nombreux festivals aussi bien en Chine (Beijing Documentary Film Festival et Yunfest) qu'à l'étranger (Vienne, Rome, Berlin...). Pour ce premier long métrage, Zhao Dayong a toutes les casquettes, il est réalisateur, éditeur et producteur. Par la suite en 2008, il s'associera avec le journaliste David Bandurski pour fonder une maison d'édition à Hong-Kong, Lantern Films. Ensemble il produisent et distribuent les films suivants de Zhao Dayong, Ghost Town, Rough Poetry, The High Life et My Father's House.

C'est aussi la maison de production Lantern Film qui a pris en charge la distribution de Street Life, dont on peut se procurer le dvd sur la boutique en ligne du site. Le film est par ailleurs distribué aux Etats-Unis par la société dGenerate, qui depuis New-York s'emploie depuis quelques années à développé le marcher pour les documentaires indépendants chinois. Il est possible par leur site internet de louer le film (ou de l'acheter, mais c'est un peu cher) directement en téléchargement via Amazon.

Pour les pirates, ou ceux qui préfèrent utiliser 20€ pour acheter des cigarettes, vous pouvez télécharger le film sur bittorrent à cette adresse: http://asiator.net/torrent/14626/

Biographie de l'auteur:

Zhao Dayong (赵大勇) est né en 1970 dans la province du Liaoning dans le nord de la Chine. Il fait des études d'art à l'institut Lu Xun de Shenyang, capitale de sa province natale. Diplômé en 1992, il multiplie les projets artistiques dans les années 90, à Pékin ou à Canton. Fort de son expérience dans la publicité, et avide de libérté créative, il commence ses expérimentations vidéo dans les années 2000. Le projet de Street Life commence en 2004, et durera jusqu'en 2006.

Comme il l'explique dans cette interview faite par le site Danwei.org (vidéo sous-titrée en anglais), à peine le tournage de Street Life terminé, Dayong retourne dans la province du Yunnan pour tourner son deuxième film documentaire,lui aussi autofinancé, Ghost Town (aka. Ville Fantôme) (废城), qu'il avait commencé en 2002. Ghost Town, long documentaire en trois parties qui retrace le présent et le passé des habitants d'un village reculé du Yunnan, connaît comme Street Life une belle carrière dans les festivals internationaux, et signe la confirmation de Zhao Dayong comme un grand réalisateur. Le film a été projeté à Paris à l’automne 2010, en présence de Zhao Dayong, lors de la 4ème édition du Festival Shadows.

Zhao Dayong réalise ensuite un court métrage expérimental de fiction en 2009, Rough Poetry (下流诗歌). Il est aidé pour ce projet par son associé chez Lantern Film, David Bandurski, mais aussi par Zhu Rikun (朱日坤), producteur de longue date et personnalité importante dans le monde des films indépendants à Pékin (En plus de produire certains des réalisateurs indépendants chinois les plus récompensés, Zhu Rikun a entre autres créé au début des années 2000 le studio Fanhall à Pékin, lieu de projection mais aussi de production de films indépendants. Il a organisé des festivals, et dirige la fondation Li Xianting pour l'aide aux réalisateurs.).

En 2000, Zhao Dayong produit son premier long métrage de fiction, The High Life (aka. Une vie de plaisir) (寻欢作乐), encore une fois produit par Lantern Film et David Bandurski, et que l'on a pu voir en novembre 2010 au festival 3 Continents de Nantes. En même temps que The High Life, Dayong réalise un nouveau documentaire, My Father's House (教堂, titre qui signifie littéralement "Eglise") à Guangzhou cette fois, plus précisément à "Chocolate City", le petit nom donné au quartier africain de la ville (trailer)

Quelques liens:

# Interview de Zhao Dayong en 2010 après la sortie du film Ghost Town, sur le site Hammer to Nail.
# Interview de Zhao Dayong par Dan Edwards en 2009, sur le site Screening China.
# Interview vidéo de Zhao Dayong, réalisée pour le site Danwei.org, sur viméo.
# Lantern Films, le site de la maison de production fondée par Zhao Dayong.
# dGenerate, le site du distributeur américain, par ailleurs excellent site en anglais pour se tenir au courant de l'actualité des productions indépendantes chinoises.

samedi 5 janvier 2013

Smartphones en Chine: Communication & Réseaux Sociaux

En Chine, pas de facebook, pas de twitter, pas de youtube. Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a rien. Au contraire, une belle gamme de programmes très populaire existe. Voyons quelles sont les application les plus populaire en matière de communication.

  • Tencent QQ, tout en un:
La compagnie Tencent (腾讯) créé à la fin des années 1990 son logiciel QQ comme un client pour le service de messagerie instantanée ICQ alors très populaire. Rapidement, QQ devient un service de messagerie à part entière, similaire à ICQ ou à MSN, et sa popularité grandit en Chine Populaire.

Aujourd'hui, le logiciel QQ et sa compagnie mère Tencent dominent sans conteste le monde de la messagerie instantanée. Service mail, messagerie, hébergeur de blog, de miniblog, logiciels antivirus, QQ Music pour la musique en streaming, QQ games pour les jeux, Tencent s'est développé et domine aujourd'hui le marché dans tous ces domaines. Selon les résultats publiés par Tencent pour le deuxième trimestre 2012, il y a un peu moins de 800 millions de comptes QQ actifs (faisant de QQ le service de messagerie le plus populaire au monde). Selon le même rapport, aux heures de pointe, QQ Games accueille plus de 8 millions d'utilisateurs (contre environ 3 millions pour Zynga, le premier partenaire de jeux de facebook).

Et QQ n'a pas raté la révolution de la téléphonie. Le portage de QQ, mais aussi des autres logiciels de la gamme, dominent le marché des applications de la téléphonie mobile aussi outrageusement que celui des ordinateurs personnels. Aux heures de pointe, plus de 160 millions d'utilisateurs sont connecté simultanément à QQ depuis leur téléphone mobile!

Mobile QQ (手机QQ) offre les mêmes fonctionnalités que son grand frère sur ordinateur du bureau. Messagerie instantanée, partage de fichiers et de photos, smileys, groupes de discussion... tout y est. Disponible en version internationale, avec même une version française!

Mobile Games (QQ手机游戏), avec sa variété impressionnante de jeux solo ou en ligne avec d'autres utilisateurs. Mobile QQMusic (手机QQ音乐), pour lire ses mp3 ou écouter de la musique en streaming (à la façon de Deezer ou last.fm).


  • Wechat/Weixin (微信), la messagerie pour les snobs.
Certes, Tencent et QQ dominent le marché, mais leur image de marque est celle de produits bas de gamme, utilisée par les ados. Pour être honnête, on imagine mal des adultes de la classe moyenne s'échanger leur QQ pendant un repas d'affaires. Tencent le sait bien, et a voulu changer la donne en lançant en 2011 sa nouvelle application réservée aux Smartphone: Weixin!

Chez les cols blancs, chez les citadins trentenaires et même quarantenaires, mais aussi chez les étudiants, Weixin est en quelques mois devenu un Hit. Ce public qui jusque-là snobaient QQ a trouvé son bonheur avec Wexin. Pourtant, derrière une interface plus "clean", les fonctionnalités sont les mêmes. Quoique deux spécificités distinguent Weixin:

D'abord, le logiciel est réservé à une élite, puisqu'il n'existe que sur smartphone. Bien sûr, avec une base d'utilisateurs de smartphones qui s'élargit à grande vitesse, on ne pourra pas parler d'élite pendant bien longtemps.

Ensuite, le point fort de Weixin, et le point sur lequel le succès du logiciel s'appuie, c'est sa fonction de messagerie vocale instantanée. Si l'on peut aussi envoyer des messages, des smileys, des images ou mêmes des vidéos, c'est bien la messagerie vocale qui est vraiment le plus de Weixin. L'utilisateur pose son doigt sur un icône pour lancer l'enregistrement, puis retire son doigt lorsqu'il le souhaite, et le message est envoyé automatiquement. La messagerie vocale instantanée n'est pas une nouveauté, mais Weixin apporte une simplicité d'utilisation que la concurrence n'offre pas.

En à peine plus d'un an d'existence, Weixin a passé la barre des 200 millions d'utilisateurs, comme l'a annoncé Tencent! Fort de ce succès sur le marché local, Tencent cherche depuis peu à s'étendre hors des frontières chinoises. Pour son lancement en version internationale, Weixin prend le petit nom de WeChat. L'application Whatsapp, aux fonctionnalités similaires, domine le marché en Europe et aux Etats-Unis, alors WeChat se contente (pour l'instant?) de s'immiscer dans les marchés en développement: En asie du sud-est (Indonésie, Vietnam, Thaïlande), en Inde, au Brésil...


  • Weibo (微博)
Le micro-blogging façon Twitter est certainement le type de réseau social le plus populaire en Chine, où il est connu sous le nom de Weibo (微博, traduction littérale de micro blog). Mais si le marché occidental est dominé par Twitter, le marché chinois est lui le terrain d'une concurrence féroce entre deux plate-formes: Sina et Tencent. Malgré, ou grâce à cette concurrence, le micro-blogging chinois est rapidement devenu un phénomène d'une ampleur impressionnante. Ainsi, les comptes les plus populaires du Weibo chinois ont plus de followers que Lady Gaga sur Twitter (le compte Twitter de Lady Gaga étant le plus populaire du site). Cet été, le Weibo chinois a enregistré deux fois plus de messages que Twitter au sujet des JO de Londres.

Publication instantané et propagation rapide des messages font de Weibo un média d'information alternatif très puissant dans un pays où les médias traditionnels, y compris les sites d'informations sur internet, voient leur publication contrôlée de près par les autorités. Un message peut en quelques heures être reposté des centaines de milliers de fois, créant le "buzz". Il va sans dire que Sina et Tencent sont dans l'obligation de permettre aux autorités de censurer les sujets sensibles, et que de très nombreux messages sont effacés chaque jour.

Le principe de Weibo est le même que celui de Twitter: l'utilisateur de poster des messages de 140 caractères maximum, peut "suivre" d'autres utilisateur et faire suivre des messages d'autres utilisateurs. Mais il existe aussi quelques fonctions supplémentaires, qui font dire que Weibo est plus un mix entre Twitter et facebook qu'un pur clone de Twitter: il est possible de laisser des commentaires sur les messages, et il est possible de joindre des images ou des vidéos aux messages. Toutes ces fonctionnalités se retrouvent sur la version portable de Weibo, que ce soit celle de Tencent ou celle de Sina. Du coups, rendre compte d'un événement en temps réel sur son téléphone en agrémentant son message d'une photo est très commun sur Weibo.

Grâce entres autres à l’inter-fonctionnalité de ses services, qui permet aux très nombreux utilisateurs de QQ de créer leur Weibo en un instant, la plate-forme Weibo de Tencent, Tencent Weibo (腾讯微博), possède le plus grand nombre de comptes Weibo ouverts. Mais cela n'est pas significatif de l'activité: en réalité, le Weibo de Tencent génère moins de trafic, et moins de messages postés que son concurrent, Sina Weibo (新浪微博).

Sina Corporation, qui est à l'origine de Sina Weibo, n'est pas un nouveau venu sur l'internet chinois, loin de là. Portail d'actualité, hébergement de vidéos, de blogs, Sina est déjà bien installé, et depuis longtemps, dans le paysage. La compagnie Sina dispose d'une réputation plus sérieuse que Tencent, et à lancé son service de micro-blogging avant son concurrent, dès 2009. Sina Weibo est la plate-forme préférée des élites urbaines, des universitaires et des artistes, mais aussi grandes marques et des célébrités.


  • Renren (人人)
Voici ce que l'internet chinois à de plus proche de notre bien-aimé Facebook. Renren (人人网, qui littéralement signifie "le site internet de tout le monde") a été créé par des étudiants de la grande université pékinoise Tsinghua (清华大学) en 2006. Le site s'est pendant longtemps appelé Xiaonei (校内, littéralement "A l'école"), la cible première étant les étudiants et les lycéens. Mais succès aidant, ne nom a été changé, le concept s'est élargi pour devenir un réseau social classique vraiment très similaire à notre facebook. Avec 162 millions de comptes et 45 millions d'utilisateurs actifs, le réseau est tout de même surtout populaire auprès des étudiants, cible initiale du site.

jeudi 3 janvier 2013

Smartphones en Chine: Le point sur la situation

Avec une série d'articles, nous allons examiner la situation du marché, et faire le point sur les applications que les chinois utilisent. Et puisque nous parlons d'applications mobiles, nous verrons aussi celles que l'on peut utiliser pour l'apprentissage du chinois.

Dans un premier temps, voici un petit aperçu de ce que représente le marché chinois, en gardant en tête que la situation change très vite, et que ce qui est vrai début 2013 ne le sera sans doute pas dans un an ou deux.

Le marché intérieur chinois est un immense marché, qui attire les convoitises. Si certaines compagnies occidentales y connaissent un grand succès, il est certain que la compétitivité des compagnies locales est importante, de plus en plus importante. Ce constat général est particulièrement valide dans le cas du marché de la téléphonie mobile, et du marché des applications mobiles.

Le marché du téléphone mobile: Dans tous les coins de l'internet, des agences marketing et des sites d'informations proposent des statistiques à qui mieux mieux. Pas difficile donc de faire le point. Debut 2012, la Chine a passé la barre des un milliard d'utilisateurs de téléphones mobiles (source Techinasia.com), dont 150 millions d'utilisateurs de téléphones 3G. Si les marques non-chinoises, Apple et Samsung en tête, voient les ventes de leurs Smartphones augmenter fortement, ce sont aussi et surtout les marques chinoises qui se taillent une belle part du gâteau. Ainsi ZTE (中兴) et Huawei (化为), les deux principaux fabricants chinois, mais aussi Lenovo (联想) qui propose des Smartphones à bas prix, et le petit nouveau Xiaomi (小米), sont tous très bien représentés sur le marché local. Ces marques ne se contentent pas du marché chinois, elles envahissent aussi les marchés en développement (en Afrique en particulier) et commencent même à s'imposer comme concurrents sérieux en Europe et aux Etats-Unis.

Le marché des applications: Premier constant, Les ventes d'Iphones progressent vites, mais les Smartphones sous Android dominent largement le marché chinois. Deuxième constat, les utilisateurs chinois de Smartphone n'utilisent pas les mêmes applications que les utilisateurs européens et américains. Facebook et twitter (et google dans une moindre mesure) n'étant pas accessibles depuis la Chine à moins de contourner le "Great Firewall", ces services ne sont logiquement pas ceux que les chinois utilisent, ni sur leur ordinateur ni sur leur téléphone. Troisième constat, les applications payantes sont moins populaires en Chine. Cette tendance évolue cependant, et de plus en plus d'utilisateurs téléchargent des applis payantes, surtout les utilisateurs d'Iphones. Quatrième constat, les chinois n'affectionnent pas les "online stores" officiels, comme le Google Play. Les nombreux sites alternatifs d'applications ont plus de succès, comme le "Baidu app store" (百度移动应用) ou le "Tencent app gems" (应用宝).

Avant de présenter un certain nombre d'applications, voici une excellente vidéo, nommée China at your fingertips (指尖上的中国), qui fait le point sur le développement du marché des mobiles en Chine, de façon amusante, tout en animation. Cette vidéo, passée inaperçue en occident, a récolté plusieurs centaines de milliers de visiteurs sur Youku, l'hébergeur chinois de vidéo. Seul petit bémol, la vidéo date du début de l'année 2012, et avec la vitesse à laquelle le marché chinois évolue...